
Je lisais il y a quelques temps un petit papier sur l'importance de bien comprendre et bien différencier une personne morale d'une personne physique (
ici).
Un photographe, par exemple, lorsqu'il exerce son activité comme auteur, est une personne physique, quelqu'un de chair et d'os qui parle et signe des contrats en son nom. Le responsable com' d'une société, en revanche, il fait partie d'une compagnie et signera un contrat au nom de cette compagnie. Tout ce qu'il vous a dit, ses promesses vous faisant miroiter des cachets mirobolants sur de futures collaborations, les "on l'écrit pas noir sur blanc mais on sait tous les deux à quoi s'en tenir, parole d'homme...". Bref, tout ce qui n'est pas sur le contrat ne vaut rien et même si le gars (comme c'est souvent le cas) est de bonne foi, tout partira en fumée lorsque le gars changera de boîte ou s'il transmet les photos au gars du bureau voisin sans lui préciser les droits d'utilisation. Et du coup, quelques temps plus tard, vos photos se retrouvent sur des pubs alors que le deal ne concernait que de la PLV ou un dossier de presse. Certain encaissent sans broncher, d'autres s'en foutent, moi non ! Le respect des conditions d'utilisation ou du crédit photo, c'est la base de notre boulot !
Comme tout le monde, à mes débuts, je me suis fait avoir. Aujourd'hui, je tâche de faire le tour du sujet sur mes devis, contrats de session de droits et autres bons de dépôts livrés avec les photos.
Vous allez vous dire "il lui en arrive des histoires à lui !", mais voilà que pas plus tard qu'avant hier (mercredi), en me baladant virtuellement sur la toile (on dit aussi surfer sur le web), je suis tombé, via Google Image, sur quelques unes de mes photos tranquillement postées sur Flickr. Pas de crédit et des images téléchargeables. Pas en haute def, comme je l'ai cru au début (les images juste après les miennes l'étaient en revanche), mais déjà à une taille suffisante pour que cela soit publiable en 1/2 page dans un magazine.
Tout cela partait d'une bonne intention : j'avais fait des photos sur un événement deux années consécutives. Quelqu'un s'est dit : au lien d'encombrer notre propre site avec les galeries photos, autant aller mettre tout ça sur ce site super qu'est Flickr et le tour est joué.
Dans ce tour de passe passe, on oublie que sur le site du client, la série d'images est parfaitement identifiable, avec crédit photo et peut-être même légende (on peut rêver). Que le site du client est en endroit où on va voir les images de l'événement alors que sur Flickr, on peut tomber dessus avec des mots clé, des moteurs de recherche. Qu'en gros, quelqu'un qui cherche une
image de kite, par exemple, pourra tomber sur ces photos et les utiliser comme bon lui semble (je pensais que, comme c'était là, je pouvais m'en servir). L'audience n'est pas la même, les motifs de visite non plus.
Tout ça pour dire que sur le coup, je n'étais pas content (j'étais fâché). Alors j'ai envoyé un petit mail aux personnes avec lesquelles j'avais dealé mon contrat et en quelques heures, les photos avaient disparues de Flickr. Je suis OK pour qu'elles y reviennent mais avec un filigrane et mon nom précisé SUR chaque photo.
Depuis quelques temps, je préfère prévenir que guérir car j'en ai un peu marre de courir après les utilisations commerciales non autorisées. A chaque fois, il faut réclamer son dû et de ce fait passer pour l'empêcheur de tourner en rond (en d'autres mots, le connard, le chieur, le mec pas cool avec qui on ne retravaillera pas). Croyez moi, voir un bus passer avec sa photo dessus, ça fait un choc au début.
J'ignore votre position sur la question, j'estime pour ma part qu'il est un peu candide de croire à la sécurité apportée par la licence "Creative Common" de Flickr. Personne ne lit ce genre de truc, celui qui veut une photo pour une utilisation commerciale va la pomper sur ce site gratuitement, la bidouiller un peu et le tour est joué. Je parle ici d'utilisation commerciale, l'usage strictement privé ne me dérange pas. Si vous avez un avis différent, je serai heureux d'entendre vos arguments (bétons les arguments, j'attends du sérieux).