28 juin 2011

Petit article du jour

Je viens de tomber sur cet article dans le Libé d'aujourd'hui, ça m'a inspiré : photo-de-voyage-comment-vendre-ses-images. Je suis surpris que l'on puisse encore publier ce genre de truc sachant que, vu l'état actuel du marché de l'image de stock, il est pratiquement impossible de vendre ses photos de voyage. A qui allez vous les vendre ces belles images de la Tour Eiffel, du Sphinx ou de l'Empire State Buidling sachant qu'elles existent déjà à probablement quelques milliers d'exemplaires chez Getty, Corbis, Reuters, AFP, AP & Co. Des milliards d'images de stock attendent patiemment leur tour dans ces immenses banques d'images chez qui la majorité des grands éditeurs ont des abonnements. Un abonnement, ça veut dire que l'éditeur paye pour une période donnée durant laquelle il pourra par exemple puiser dans le stock d'image de news de l'AFP. Regardez les signatures sur The Big Picture du Boston Globe : Associated Press, NASA, Getty, Reuters... Lors du lancement du site, c'était un peu le bol d'air, un retour de la double page percutante sur des sujets d'actualité version web, mais ne vous leurrez pas, vos chances de vendre une images directement au site sont très voisine de zéro. Pourquoi payer alors qu'ils ont droit aux photos gratos dans le cadre de leur abonnement...
Fût une époque où le stock d'images d'un photographe représentait sa retraite. Il y a encore 6-7 ans, lorsque l'on faisait par exemple un sujet pour un mag de surf/wind/kite..., la première publi remboursait les frais engagés dans le trip, les publications suivantes, dans des magazines étrangers, permettaient de gagner réellement de l'argent : une petite cagnotte pour un prochain trip, du matos ou tout simplement pour payer le loyer et les factures ou une nouvelle planche de surf.
Aujourd'hui, qu'est ce qui a changé ?
- les magazines subissent une forte érosion de leurs ventes,
- ils sont encore et toujours très dépendants de la pub. Ce n'est pas nouveau (voir les magazines de mode) mais imaginez que dans les boites de surf, il y a des mecs qui comptabilisent le nombre de fois où sa marque est visible dans le mag par rapport à celles des concurrents. On compare ensuite les achats d'espace. En carricaturant à peine ça pourrait donner un dialogue du genre : "lui, il a acheté moins de pub que moi mais on voit plus son logo. Au prochain numéro, il faudrait qu'on le voit plus le mien. Ca tombe bien on a le sujet avec Djezone et Cynthia en trip à Hawaii. Je le verrai bien sur 12 pages. Ca compensera aussi la mauvaise critique que tu as fait de la vidéo de Dylan aux Mentawais. Ca t'arrange pas, on va peut être arrêter la pub alors. OK ? merci !".
- Les reportages sont en numérique donc on a plus besoin d'attendre ou de dupliquer les dia pour les envoyer aux magazines du monde entier. Submergés par les sujets (plusieurs par semaine), les rédactions essaient de faire travailler leur staff habituel et de mettre en avant les riders locaux (nous on veut que des riders Hollandais ou Kelly Slater). Ajoutez à cela les sujets des marques, sponsors du magazine, ça laisse moins de place pour vos sujets.
- Regardez autour de vous, y'a combien de photographes sur la plage quand vous surfez ? Le gâteau n'est pas plus gros qu'avant donc il va falloir partager.

Ulu Watu Temple monkeys at sunset, Bukit, Bali surf photographer Kristen PelouBon,c'était bien le XXem siècle, mais on est en 2011, il faut vivre avec son temps et trouvez des solutions. Qu'est ce qu'on va faire de toutes ces photos de line-up et de souvenirs de vacances surfistiques. Il est pas beau mon temple d'Ulu Watu au sunset ?
Les agences continuent de prendre 50% des ventes alors qu'elles n'ont plus la charge des dupli de dia et des envois. Est-ce justifié ou est-ce pour compenser la chute des ventes en prix et en volume (notez que ça ne les empêche pas de déposer le bilan) ? Et encore, 50%, les photos Flickr vendues par Getty sont plus près des 30% pour le photographe. Si votre agence travaille avec une autre agence. La première prend ses 50%, la seconde aussi, il vous reste 25% et ainsi de suite..
Certains estiment que la photo d'art va compenser l'érosion des ventes presse. Ca ne concerne que les grands noms ou les "artistes" qui ne vendent de toute façon pas à la presse.
Moi ce que je n'ai jamais aimé dans les banques d'images et les agences, c'est qu'on est complètement détaché des clients et des ventes de nos images. Il y a d'un coté le gars qui fait des photos et de l'autre, ceux qui les vendent et qui les achètent. Vendre ses photos, connaître son marché fait, selon moi , partie intégrante du métier de photographe.

Bien que loin d'être spécialisé dans le stock, je n'aime pas laisser mes photos prendre la poussière sur des disques durs. Comme je considère maintenant que la constitution de mon stock a fait partie des mes investissement initiaux et que je me suis assis sur le fait de le rentabiliser depuis longtemps, chaque fois que je fais une vente, 100€ par ici, 50 par là, je considère cela comme un bonus. Cela me permet aussi d'être complètement détaché du prix que je peux en tirer (le plus cher possible !!!). J'utilise actuellement deux sites pour vendre mes photos (sans faire de réels efforts, je dois bien l'avouer) : Photoshelter et PhotographersDirect.

Photoshelter pour stocker mes images en haute def quelque part, les avoir dispo pour les envoyer à des clients. Vous n'avez pas remarqué, c'est à chaque fois que l'on est en déplacement que l'on vous demande une image dont vous êtes le seul à connaitre l'emplacement, planquée qu'elle est au fin fond d'un disque dur! Le système commence à moins de 10$/mois pour 10Go de stockage et est assez facile à mettre en place. On peut avoir accès à la vente directe et au système de tarification des images PhotoQuote et à des recherches par mots clés. Le client à un lien direct pour payer et récupérer ses photos etc etc. A moins d'être pointu en code, je doute que vous puissiez vous faire faire un site avec toutes les options proposées pour moins de 5 ans (10 ans ?) d'abonnement chez PS, même si vous êtes pointus, combien de temps allez vous passer à réinventer l'eau chaude? C'est toujours du teps que vous ne passerez pas à vous occuper de vos photos ! Point négatif, c'est comme s'il s'agissait de votre propre site, il faut le faire connaitre pour que ça tourne. Vous pouvez voir ma petite collec' qu'il faut que je remette en forme par le lien "Stock" de mon site ou ici. En passant par ce lien Photoshelter, vous aurez une réduc et moi aussi...

Le deuxième c'est PhotographersDirect : un site de Fair Trade Photography. Je ne suis pas certain que le titre bénéficie du label Max Havelaar mais l'idée est bonne. Le site ne prend que 20 à 25% des ventes réalisées sur le stock et 10% sur les jobs amenés pour des commandes via le portfolio en ligne. Le pourcentage est intéressant et en plus, on garde le contact avec le client. Il propose son tarif, tu proposes le tient, vous tombez d'accord, tu livres l'images, vous n'êtes pas d'accord, on en reste là. Le site n'est qu'un intermédiaire qui présente vos photos et vous fait connaitre grâce à un bon PageRank sur les moteurs de recherche et une mailing list. Il ne stock que des images basse def, vous vous débrouillez pour la livraison (d'où l'utilité de Photoshelter!) . C'est totalement gratuit, il faut présenter son site pour être accepté à présenter ses photos. Au début, vous ne pouver en mettre qu'un certain volume et par la suite, à chaque vente et selon la qualité des images que vous déposez sur le site, votre quota augmente. Aujourd'hui, j'ai tellement de volume que je n'arrive pas à alimenter en images (1560 images prennent 60Mo, mon quota est de 200Mo et augmente sans cesse). Dernier point et pas des moindres, si vous participez ou si vous avez des images encore référencées sur des micro stocks, vous ne serez pas acceptés sur le site. Je soutient ce dernier point à 500%.

Ces solutions sont loin d'être la panacée notamment parce que le fait de ne pas passer par une agence exclu d'office certains magazines dont les iconos ne cherchent pas ailleurs que par les voies classiques. Mes dernières ventes par une agence sont dans "Be" et "Alternatives Economiques" (je me vois mal démarcher le premier pour une vignette de surf tous les 5 ans et qui connait le second ??).
Certaines agences sont très spécialisées sur des marchés de niche, on a affaire à de vrais connaisseurs que les magazines appellent en cas de besoin précis. Etre représenté par une agence de la sorte peut rapporter pas mal de points (l'image c'est important pour les clients et obtenir de nouveaux contrats) et parfois de l'argent si les ventes suivent.

Modif 30/06/11
Une petite note otimiste tout de même. Que les plus motivés se rassurent, comme dans tous les métiers réputés bouchés, il y a toujours des places à prendre... Je gagne ma vie avec la photo et je n'ai jamais fait de photo alimentaires, que ce qui me plait ou qui me fait découvrir de nouveaux horizons. En glisse, y'a encore beaucoup de boulot pour celui ou celle qui sort du lot.

2 commentaires:

Frédéric Maillard a dit…

Bonjour Kristen,

merci pour cet article très instructif, cette analyse argumentée et ce témoignage d'une grande sincérité. Je partage votre point de vue sur la situation du marché de la photographie professionnelle et sur le fait qu'il faut vivre avec son temps, s'adapter à ces changements et trouver des solutions nouvelles pour vendre ses photos.

Avec tous mes encouragements.

Frédéric Maillard

KP a dit…

Merci pour ton commentaire
Il y'a toujours du travail et de l'argent, il n'est plus forcement dans les même poches et il faut savoir aller le chercher en revanche.